Une chanteuse Si-Salisto

 

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Plus qu’une chanteuse ! une personnalité !

Vous pourrez l’écouter dans quelques lieux cultes du Cap Skirring comme le Biarritz ou la Case Bambou avec Thioukel et leurs musiciens.

L’OBS – A Kolda, elle n’est plus à présenter. Si-Salisto, Saly Dièye de son vrai nom, connaît un vrai succès avec son groupe, Si-Salisto et Thioukel. Une réussite qui fait passer sa situation de handicapée au second plan.

Soundjata a déraciné un arbre. Saly déplace des montagnes. Les deux doivent leur courage à la détermination de leurs parents. «Lève-toi mon fils», a dit Sogolon au héros mythique qui jusque-là, trainaît sur ses quatre membres. «Débrouille-toi pour rejoindre ta classe», dira le père de Saly à cette dernière, qui hésite à frotter ses béquilles sur le dallage des escaliers qui doivent la mener à sa classe. Sa première sortie, son premier apprentissage. Elle n’a plus vraiment l’âge de s’inscrire en Ci, mais elle a tellement insisté auprès de son père que sa mère a fini par baisser les bras. «Elle ne voulait pas que je me frotte au monde des valides avec mon handicap», dit-elle, ressassant des souvenirs qui la font désormais sourire. Ce moment, croit-elle, a forgé son destin. Saly Dièye, 34 ans et handicapée moteur à l’âge de 4 ans, est la «Youssou Ndour» locale de Kolda.

Au nom du père. Voix suave sur un corps cassé en deux, Saly est devenue l’icône de l’art musical du Fouladou. Ce n’était pas gagné. Enfant «normale» jusqu’à 4 ans, elle est victime d’une mystérieuse maladie, qui la cloue pour toujours sur une chaise roulante. Elle raconte : «C’était à Teyel (une localité située dans le département de Vélingara) où j’ai attrapé cette maladie, qui me prive aujourd’hui de l’usage de mes jambes. Ma mère et moi étions allées rendre visite à mon père, qui était instituteur en service à Teyel. Je suis tombée malade et malgré tous les traitements, je n’ai jamais pu guérir». Sa mère n’en revient pas et en désespoir de cause, elle cache son enfant, pour la protéger des méchancetés. Sans savoir que Saly est une battante née. Au début, le père laisse faire et la petite se complaît dans sa vie à la maison. Ça ne dure pas longtemps, la chrysalide a besoin de se faire papillon et la coque se fissure lorsqu’elle comprend que ses camarades, loin de rester chez eux, vont à l’école. «Je pleurais à longueur de journée», raconte-t-elle, sans pathos. Avec Saly, on est plus proche du rire que des larmes. Son père lui a appris à faire de ses faiblesses une force. Il est le premier à sentir que son enfant peut «devenir quelqu’un». Ce constat le pousse, non pas à dorloter sa fille, mais à en faire une «Warrior». Première règle : «le handicap, c’est dans la tête». Saly croit l’intégrer, jusqu’au jour où elle se retrouve devant des escaliers. Elle est inscrite pour la première fois à l’école par son père, qui ne lui fait pas de cadeau. Sa classe est à l’étage. Saly est larmoyante lorsqu’elle s’en rend compte, elle n’a jamais monté des escaliers. Son père ne se laisse pas attendrir. «Débrouille-toi pour monter», l’exhorte-t-il. Une béquille après l’autre, Saly est en haut et ses larmes se sont transformées en rires. Sa mère ne voit pas la dimension pédagogique de la situation et reproche à son mari de vouloir la perte de leur fille. Il tient bon. «Le handicap, c’est dans la tête», ressasse-t-il, encore et encore. Sa mère finit par intégrer l’idée, et accompagne le cursus de la fille. Mieux, Saly n’est désormais plus une princesse dans sa tour dorée. Après l’école, les travaux ménagers. «On m’a appris à faire la cuisine, le linge, à balayer… A faire tout ce qu’une femme doit faire», dit-elle, espiègle. C’est parce qu’après autant d’efforts, Saly Dièye a choisi une autre voie. Elle a choisi sa voix.

Le legs du père. Saly Dièye a grandi entourée d’artistes. Le premier est son père. Cet instituteur qui met à profit chaque moment libre pour gratter sa guitare. «Je suis née et j’ai grandi dans un milieu artistique. Mon papa était guitariste. Il était le soliste de l’orchestre Moussa Molo. De son vivant, beaucoup d’artistes locaux fréquentaient régulièrement notre maison. Très tôt j’ai commencé à chantonner avec mon père». A 9 ans, elle imite la grande diva Kiné Lam, dont elle est une fervente fan. Un côté artistique que Saly mettra en veilleuse, le temps de faire l’école de la vie. «J’ai embrassé véritablement ma carrière musicale en 2007. C’est l’année où nous avons formé notre groupe, Thioukel (Ousmane Ndong à l’état civil) et moi. Le groupe se nomme Si-Salisto et Thioukel et nous n’avons sorti pour le moment que deux albums (Case-Nègre et Thiofletch). Si-Salisto étant le sobriquet que lui a collé son père. Elle confie : «Ce surnom fait référence à ma morphologie de garçon manqué. Mon père me l’a collé alors que j’étais encore petite. Cela veut dire «La petite Salla (Si Salista)», mais comme je me prenais pour un garçon, mon père a cru bon de masculiniser le nom et c’est devenu «Si-Salito». A 34 ans, la petite Saly est une femme épanouie. Auteur, compositeur et chanteuse, Saly Dièye vit son handicap comme une fierté. Un legs de son papa.

SOULEYMANE  SALL.

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